Test terrain du Canon Eos 5D Mark IV

5D. Ce chiffre et cette lettre sont, pour beaucoup de photographes, une sorte de Graal du boîtier photo. Le premier 5D était le premier appareil plein format (full frame en anglais, FF pour les intimes) proposé à un prix « accessible » (même si encore bien plus élevé qu’une entrée de gamme APSC). Avec le temps, les 5D ont évolué et le 5D Mark III avait franchi un cap en proposant en complément de son excellent capteur un autofocus des plus véloce. Mais alors, qu’est-ce que donne ce nouveau Canon Eos 5D Mark IV ?

Le boîtier : construction, ergonomie et…

Si vous avez un appareil Canon récent, vous ne serez pas dépaysés. La marque a eu la bonne idée de garder une ergonomie très proche du très réussi Eos 7D Mark II. Seul le bouton permettant de basculer d’un type de zone AF au suivant évolue pour passer d’une roue autour du joystick à un bouton à pousser situé en dessous à droite du joystick. Dans les faits, ça ne change (à mon sens) pas grand-chose.

Pour le reste, Canon conserve l’excellente logique, pour le haut du boîtier, du 1 bouton / 2 fonctions (une qui se règle à la molette de l’index, une autre à celle du pouce), et pour l’arrière du 1 bouton / 1 fonction.

Concernant l’ergonomie, je n’ai au final qu’un seul regret : l’absence d’un écran orientable. Pour les pratiquants de la macro, ou dans certaines situations, ce type de solution serait très appréciable, même si j’entends le contre argument du baroudeur : rajouter une articulation, c’est ajouter un point de fragilité à l’appareil.

…écran

Voilà. Enfin. Les écrans tactiles arrivent sur nos boitiers. Certains regrettent déjà cette fonctionnalité, pour laquelle ils ne voient pas d’intérêt. De mon côté, ça change tout, et je vous explique pourquoi après avoir balayé rapidement les caractéristiques de cet écran arrière.

Au moment de visionner une image, on se rend rapidement compte de la qualité globale de l’écran : noir profond, contraste élevé (parfois peut être légèrement trop, mais rien de dramatique), densité de pixels permettant de savoir immédiatement si l’image est piquée ou si la zone de netteté n’est pas exactement là où on la souhaite…Au global, cet écran est un excellent outil pour tout ce qui concerne la visualisation des images et je n’ai rien trouvé à lui reprocher !

 

On passe maintenant à ce qui est pour moi son vrai point fort : la fonctionnalité tactile. Je ne vais pas trop parler de la navigation entre les menus ou du fait de pouvoir naviguer entre les images en les faisant simplement glisser les unes après les autres comme nous avons l’habitude de le faire aujourd’hui avec nos smartphones. Je vais par contre revenir sur un élément extrêmement intéressant pour le photographe animalier, en particulier pendant un affût. Imaginez la scène : vous êtes dans un affût exigu, aucune lumière ne filtre à travers les filets de camouflage. Là, devant vous, un renard commence à muloter (technique de chasse pendant laquelle il bondit pour capturer les micromammifères). Pas de chance, vous êtes (barrez les choix inutiles) trop bas en ISO / avez sélectionné le mauvais collimateur / le mauvais type d’AF / le mauvais mode de mesure de lumière. Voire peut-être tout ça en même temps. Et là, dans l’excitation du moment, vous ne retrouvez plus le bon bouton pour la bonne fonction. Mais pas de problème, un simple appui sur la touche Q, et devant vous, sur l’écran, vous retrouvez toutes ces possibilités de réglages. Et pas besoin d’un joystick pour naviguer, vous modifiez simplement, via le tactile, tout ce qu’il vous faut. Et finalement, ça, c’est un peu magique.

Pour les vidéastes enfin, il est possible de déplacer sa mise au point simplement en touchant sur l’écran l’endroit sur lequel on souhaite positionner le point auto focus : si on utilise une des dernières optiques Canon au moteur AF optimisé (STM), la transition entre plans n’a jamais été aussi facile.

 

Qualité d’image et montée en ISO

Le nouveau capteur conçu par Canon pour cet Eos 5D Mark IV affiche désormais 30.4 millions de pixels (et, même si cela m’intéresse moins, filme en 4K). A mon sens, on a ici la juste balance entre la résolution permettant de faire de très (très très) grands tirages sans pour autant avoir des images trop lourdes à traiter (attention, un ordinateur puissant est tout de même nécessaire si vous voulez confortablement traiter un workflow de plusieurs centaines d’images). Cette résolution permet également, quand le besoin s’en fait sentir, de recadrer des images sans avoir à s’inquiéter de garder assez de pixels pour un tirage.

 

Pour le reste, je n’ai pas constaté de différences notables entre les images délivrées par cette mouture Mark IV d’avec la version précédente Mark III. Les images sont belles, piquées, les transitions entre zone nette et bokehs d’avant et d’arrière-plan sont douces et agréables à l’œil. Du tout bon.

Parlons maintenant un peu ISO. Je ne cache pas mon affection pour mon Canon Eos 7D Mark II au format APSC, qui conjugue taille contenue, allonge grâce au crop factor (x1.6 par rapport à un FF), excellente qualité d’image et AF de course. Pour ce qui est du bruit, j’écrivais à son propos : « De mon point de vue les 4000 ISO, sur une image bien exposée, permettent un agrandissement sans aucun problème et sans nécessité d’un post traitement particulier. Les 6400 ISO pourront sauver un certain nombre de situations et permettront encore des tirages de très bonne qualité, pour peu que le photographe traite un minimum le bruit numérique». Ce Canon Eos 5D Mark IV, en ce qui concerne la montée en ISO, m’a tout simplement bluffé. Les images prises, sous couvert d’être bien exposées, à 10000 ISO, restent pleines de détails, le bruit numérique dans les noirs reste contenu et le piqué n’est que très peu dégradé. Je me suis même retrouvé surpris par la qualité d’image à 32000 ISO (pallier maximum si on reste dans les réglages standards).

 

Autofocus

Je vous encourage à reprendre mon test de l’AF du 7D Mark II, à y rajouter un peu plus de vélocité, et on y est. Ce Canon Eos 5D Mark IVemprunte le module AF du dernier fleuron de la marque, le 1DX Mark II, et ça se sent. La mise au point est instantanée (ou quasi),  le point est précis, les collimateurs sont répartis suffisamment largement dans le viseur pour couvrir à minima la règle des tiers, globalement, c’est très bon.

 

Pour moi qui suis habitué à une couverture encore plus large sur mon 7D Mark II, je regrette forcément ces collimateurs qui ne vont pas plus loin dans le cadre, mais pour autant, ce n’est pas insurmontable.

 

Un boîtier un peu Geek sur les bords

Cette nouvelle mouture fait le plein de technologie, on retrouve notamment :

–          Le wifi, qui permet notamment de connecter directement l’appareil à son smartphone ou sa tablette via l’application Canon Camera Connect (disponible sur Android et IOS). On peut ainsi directement et simplement piloter à distance le boîtier mais également transférer des fichiers en quelques secondes. Très pratique en mobilité quand on ne veut pas s’encombrer d’un ordinateur

–          Le GPS, grâce auquel les photos prises sont directement géolocalisées. Je ne suis pas spécialement utilisateur de ce système mais je peux comprendre qu’il puisse être utile au photographe globetrotteur qui a besoin d’un petit coup de pouce pour se souvenir où il a précisément pris telle ou telle image

–          Le NFC, dont je ne vais pas vraiment vous parler car il n’a jamais fonctionné sur mon boîtier malgré un test avec 3 smartphones différents récents.

Que retenir ?

On retiendra donc que ce boîtier est excellent, tout simplement. Pour autant, je me pose la question de l’évolution entre ce dernier et le Mark III, qui était (et est toujours) également un excellent boîtier. Est-ce que l’évolution de l’AF (qui reste une évolution et pas une Révolution), les quelques paliers supplémentaires en ce qui concerne les ISO utilisables, l’écran tactile et les nouvelles technologies incluses dans cet appareil valent qu’on l’échange contre la somme rondelette de près de 4000€ ?

J’ai envie de répondre oui, car toutes ces petites évolutions mises bout à bout finissent, à mon sens, par faire de cet appareil un vrai nouveau boîtier. J’ajouterai même que je ne me suis pas penché spécialement sur les fonctionnalités vidéo (dont l’AF en Dual Pixel), mais je ne doute pas que si on les ajoute dans la balance, on se rend compte que ce Canon Eos 5D Mark IV a sa place dans le sac du photographe à la recherche du meilleur outil.

 

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Copyright 2020 – Bastien Juif

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