Test terrain du Canon Eos 6D Mark II

Il y a maintenant 3 ans, Canon tentait une petite révolution au sein du marché des appareils à capteur Full Frame : la sortie d’un boîtier plus accessible financièrement que les 1DX et 5D Mark III : le Canon Eos 6D. Affiché à moins de 2000€, cet appareil permettait de commencer l’apprentissage du plein format à un tarif compétitif. Les différences principales avec le 5D ? L’ergonomie, la construction, mais également la vitesse maximale d’obturation et la rafale. Après 3 années de carrière, il était temps pour le 1er 6D de tirer sa révérence et d’accueillir son remplaçant, le bien nommé Canon Eos 6D Mark II. La question qui se pose donc maintenant : cet appareil a-t-il évolué ?

Ergonomie, le nerf de la guerre ?

 

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : pour moi qui suis habitué à l’utilisation de boîtier pro/semi-pro, la prise en main de ce boîtier n’a pas forcément été aussi naturelle et fluide que d’habitude. Deux choses en particulier m’ont dérangé : la migration des boutons de visionnage sur la droite de l’écran, et l’absence de joystick, remplacé par une roue crantée. Cette absence de joystick a été plus spécialement problématique pendant mes premières sessions de prise de vue, en effet pour moi qui suis adepte de ce petit levier pour modifier à la volée mon point autofocus, je me retrouvais à chercher pendant de trop longues fractions de secondes la solution pour modifier ma visée. Alors évidemment, au bout de quelques heures de shoot, il n’y a plus de sujet, mais on peut tout de même regretter ce qui, à mon avis, ne constitue pas une économie majeure pour Canon.

 

Les menus également apparaissent allégés par rapport au grand frère 5D Mark IV, tout particulièrement le menu relatif à l’autofocus. Sur le 6D Mark II, on retrouve les différents réglages au niveau des configurations personnalisées, malheureusement avec une organisation et une facilité à trouver l’information bien moins travaillée que sur les boîtiers semi-pro.

La construction enfin, diffère du grand frère, pour autant le boîtier paraît robuste et n’incite pas spécialement à la prudence.

Quand on passe au viseur, on constate avant tout qu’on n’est pas ici sur une couverture à 100% mais seulement 98%, toujours un peu dommage, mais on ne peut que féliciter Canon d’avoir ajouté dans le viseur les mêmes informations que sur les autres boîtiers récents de la marque, dont le niveau électronique tellement pratique, qui est désormais pour moi un incontournable !

Finissons sur une note particulièrement positive, l’écran de ce boîtier : tactile évidemment comme sur l’ensemble des dernières productions Canon. Le tactile est précis et réactif et ne souffre d’aucun défaut. Second point fort de cet écran : le fait qu’il soit orientable ! Ceci facilitera grandement le travail pour, par exemple, des prises de vue au ras du sol ou pour l’utilisation du boîtier en mode vidéo : plus besoin de se tordre le cou pour regarder ce qui se passe à l’écran.

 

Autofocus et rafale

 

Je l’ai déjà dit, le menu lié à l’autofocus est plutôt restreint et il va falloir jouer sur plusieurs zones du dit menu pour calibrer précisément l’AF en fonction de son besoin. Pour autant, une fois réglé, on se retrouve avec un boîtier que j’ai trouvé extrêmement performant. Le point est rapide, l’appareil ne se laisse quasiment jamais piégé, le suivi est fiable et constant.

 

J’avoue que je m’attendais à devoir critiquer l’AF de ce boîtier, en effet son ancêtre était loin d’être au top à ce niveau-là, eh bien non, on a ici une machine compétitive qui permettra largement de s’attaquer à des sujets pointus tels que le sport et la photo d’action. Testé à plusieurs reprises sur des oiseaux arrivant de face, je me suis retrouvé avec des séries de plusieurs images parfaitement nettes, on sait pourtant que c’est dans cette configuration d’un sujet qui se rapproche que les autofocus ont le plus de mal à suivre.

La problématique des menus apparaîtra par contre dès lors que l’on a besoin de modifier un paramètre, on devra en effet recommencer le laborieux travail de réglage menu par menu, pas optimal du tout.

 

Par contre, là où le bât blesse, c’est au niveau de la rafale. 5 images par seconde, c’est mieux que sur la première mouture, mais pour la photo d’action, c’est la limite basse acceptable. Prenons l’exemple d’une altercation entre deux oiseaux, telles que la photo de buses qui illustre cet article : dans les faits, ce type de situation ne dure que quelques fractions de secondes, chaque image réalisée compte, je vous laisse donc imaginer le risque de rater la bonne image quand on utilise un boîtier à 5 ips par rapport à un boîtier à 10 ips … c’est tout simple, on perd 50% de chances de faire LA bonne image. Ce point n’est pas discriminant pour tous, mais il est tout de même à prendre en compte.

 

Je vais aborder également ici la vitesse maximale d’obturation, qui n’est « que » de 1/4000 ème de seconde. Ceci paraît élevé mais c’est à rapprocher du 1/8000ème permis par un 7D Mark II ou un 5D Mark IV. Pour figer l’action d’un animal très vif, tel un colibri par exemple, où chaque dixième de seconde compte, cette limitation peut également avoir une importance dans le choix du boîtier au moment de l’achat.

 

Qualité d’image

 

Si vous cherchez des infos sur le Canon Eos 6D Mark II, vous avez dû lire à de nombreuses reprises des critiques sur sa dynamique. Pour rappel, la dynamique, c’est (pour faire très simple), la plage de sensibilité du capteur qui va des teintes les plus claires aux teintes les plus sombres. Ainsi, plus la dynamique d’un capteur est importante, plus la finesse et la largeur de couverture des teintes va être bonne. Et alors, qu’est-ce que vaut vraiment la dynamique du capteur du 6D Mark II ?

 

Soyons 100% transparent, elle est légèrement moins bonne que sur le 5D Mark IV (mais n’oublions que nous ne sommes pas du tout sur les mêmes niveau de prix !). On ne le constate pas sur l’écran du boîtier, extrêmement flatteur en terme de teinte et de netteté, mais en visionnage au post traitement, on se rend compte, tout particulièrement sur les images un peu extrêmes (très faibles lumières, hautes montées en ISO ou avec des écarts extrêmes de teintes (par exemple des zones quasi bouchées et quasi brûlées sur la même image)) que le post traitement est nécessaire si on veut redonner à l’image le rendu qu’on en attendait. On est toutefois, d’après moi, loin des critiques parfois très fortes que l’on peut lire sur la dynamique de ce boîtier.

 

Est-ce que ça empêche de faire des images ? Non. Est-ce que c’est gérable en post traitement ? Très facilement. Est-ce que ça doit m’empêcher d’acheter ce boîtier ? Je vous laisse vous faire votre idée avec les images qui accompagnent cet article (mais pour moi, la réponse est claire !).

 

So what ?

 

Alors, on y va ? On n’y va pas ?

 

Une chose est sûre, ce boîtier est une excellente surprise, et pourrait sans problème intégrer mon équipement. Toutefois plutôt au titre de second boîtier ou d’appareil dédié au paysage ou à la macro. Son ergonomie et le réglage de l’autofocus l’empêchant d’être, pour moi qui suis adepte de l’action rapide, mon premier choix. Il n’empêche qu’on a là, dans sa tranche de prix, le meilleur boîtier FF que j’ai eu l’occasion de prendre en main.

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